Une plante messicole est étymologiquement une plante accompagnant les moissons (du latin messio, « moisson » avec le suffixe -cole, du verbe colere, « cultiver », « habiter ».
Les plantes messicoles sont donc des plantes herbacées, généralement annuelles, qui poussent surtout dans les champs cultivés, sans y avoir été semées par l’homme.
Les plus connues des messicoles sont probablement les coquelicots, les bleuets et les matricaires. Mais il y en a bien d’autres!
Elles se sont adaptées aux milieux ouverts et régulièrement perturbés que sont les champs, en ajustant leur cycle à celui des cultures.
Pour germer, elles ont besoin de beaucoup de lumière et ne peuvent résister à la concurrence des plantes vivaces. Elles ne pousseront donc que là où la terre aura été bien remuée et les vivaces détruites. C’est ce qui arrive lorsque l’agriculteur laboure son champ et maintient ainsi le milieu ouvert.
C’est pour cette raison que la plupart d’entre elles germent en automne ou en hiver, après le semis des céréales. Ceci implique premièrement qu’elles puissent supporter le froid hivernal. Leur croissance doit ensuite être rapide de manière à fleurir et fructifier avant le début des moissons.
Elles produisent alors une quantité astronomique de graines. Un seul plant de coquelicot peut donner à lui seul sur une saison plus de 50 000 graines.
Ces graines sont capables de persister de nombreuses années dans le sol (de 10 à 40 ans!) et ont donc toutes les chances d’être encore viables lors du retour des céréales sur une parcelle mise en jachère 1 2 .
Ces plantes existaient bien sûr avant que l’homme ne commence à exploiter la terre. Beaucoup de messicoles proviennent du Moyen-Orient, là où l’agriculture (du moins celle qui est pratiquée dans nos régions) est née. Elles ont accompagné les migrations des céréales cultivées jusque chez nous. C’est le cas des coquelicots, des bleuets et des pensées des champs. Mais d’autres messicoles vivaient probablement déjà dans nos contrées avant l’introduction des céréales.
Dans tous les cas ce sont à l’origine des plantes pionnières vivant dans des milieux ouverts où la végétation est clairsemée et la concurrence est moindre (notamment des pelouses sèches caillouteuses).
Le travail du sol pratiqué par le paysan a donné à ces plantes de nouveaux habitats de
substitution, leur permettant d’élargir progressivement leur habitat et de s’installer durablement dans nos paysages.
Mais les pratiques agricoles ont été fortement modifiées au cours des dernières décennies.
L’utilisation des herbicides a provoqué la disparition de beaucoup de « mauvaises herbes » dans les champs. L’épandage d’engrais chimiques a enrichi les sols, favorisant l’expansion de plantes nitrophiles comme le Chénopode blanc (Chenopodium album) au détriment des plantes messicoles. Le Chénopode est en outre devenu résistant aux herbicides, lui 3.
Si beaucoup de messicoles ont quasiment disparu ou sont en voie de disparition dans nos campagnes, certaines s’en sortent mieux : celles qui ont trouvé un habitat de substitution (à nouveau devrait-on dire!). C’est notamment le cas du Grand coquelicot (Papaver rhoeas) qui colonise les bords de nos voies ferrées et de nos routes, ainsi que les chantiers dans les villes, des endroits ouverts plus ou moins épargnés par les herbicides.
Et c’est également vrai pour la Camomille sauvage (Matricaria chamomilla).
Sources :
1 : Marie Legast, Grégory Mahy et Bernard Bodson; Les messicoles, fleurs des moissons; Agrinature n° 1; Ministère de la Région wallonne; Direction générale de l’Agriculture; Namur; 2008
2 : Collectif; Croissance et développement des plantes cultivées; p. 16; Educagri; Dijon; 2013
3 : Wikipedia; Chenopodium album; Juin 2017