Ce mode de pollinisation par le vent est majoritaire chez les Gymnospermes (les conifères), mais n’est utilisé que par 10 % environ des Angiospermes (les plantes à fleurs) 1. C’est le cas des graminées et de plusieurs arbres (bouleaux, érables, frênes etc.).
Le gros avantage de l’anémogamie est sa simplicité et son économie de moyens : la plante ne doit pas élaborer des fleurs compliquées dans le but d’attirer des insectes : pas besoin donc de produire des pétales colorés, du nectar abondant ou des senteurs subtiles.
En revanche, cette méthode est très aléatoire : le pollen peut atterrir sur le stigmate d’une fleur de la même espèce, … ou pas. Pour augmenter la probabilité qu’un grain se pose sur le bon stigmate, la plante doit en produire de très grandes quantités.
Des quantités tellement énormes que non seulement ce pollen provoque des allergies (le « rhume des foins »), ce que l’on sait depuis longtemps, mais qu’en outre il pourrait influencer le climat : les grains favoriseraient la formation des nuages, puis provoqueraient la pluie, …. et stimuleraient en fin de compte la croissance des plantes 2. Pas bête, non?
Après avoir lu ce qui précède, vous penserez sans doute que la pollinisation par le vent est une méthode inefficace et gaspilleuse, une idée qui est répandue chez les botanistes.
Et pourtant une étude canadienne a montré que le transport du pollen par le vent n’était pas nécessairement sensiblement moins efficace que sa transmission par les insectes 3.
Cette recherche a porté sur 19 espèces anémogames (des plantes herbacées uniquement, dont 6 Laîches (Carex) et 7 graminées).
La proportion de grains capturés par les stigmates était comprise entre 0.01 et 1.19 % . Un travail plus ancien avait montré que lorsque le pollen est transporté par des animaux, la proportion de grains capturés varie entre 0.03 et 1.9 % , à peine plus élevée par conséquent 4.
Beaucoup d’espèces anémogames habitent les milieux ouverts et possèdent des fleurs unisexuées. C’est par exemple le cas des graminées (photo ci-dessus).
Lorsque les fleurs ne sont pas unisexuées, la maturation des organes mâles et femelles est séparée dans le temps. Les plantes sont alors soit protandres (les organes mâles sont mûrs d’abord), soit protogynes (les organes femelles sont mûrs en premier lieu).
Outre les Plantains, bon nombre de Laîches sont à la fois anémogames et protogynes.

La Laîche des renards (Carex vulpina)
est à la fois anémogame et protogyne 6
Remarquons que le pollen des espèces anémogames provoque très souvent des allergies, le fameux rhume des foins. Le potentiel allergisant des graminées, des aulnes et des bouleaux est très fort alors que celui des chênes, des hêtres et des plantains est modéré 5.
Sources :
1 : Linder H. P.; Morphology and the evolution of wind pollination; in S. J.
Owens, and P. J. Rudall, Reproductive biology in systematics, conservation and economic botany; pp. 123–135; Royal Botanic Gardens, Kew; 1998 ↑
2 : Marie-Céline Ray; Science décalée : les fleurs amènent la pluie; Futura-Sciences; Septembre 2018 ↑
3 : Jannice Friedman; The ecology and evolution of wind pollination; University of Toronto; 2009 ↑
4 : L.D. Harder ; Pollen dispersal and the floral diversity of monocotyledons; dans Monocots : Systematics and Evolution; Karen L Wilson & David A Morrison; Csiro Publishing, mai 2000 ↑
5 : Les pollens; Réseau National de Surveillance Aérobiologique (R.N.S.A.) ↑
6 : Romand-Monnier; Carex vulpina; The IUCN Red List of Threatened Species; 2013 ↑