Il est plus que temps de dévoiler enfin la réponse à notre dernière devinette.
Chaussez vos bottes et suivez-nous dans un petit bois marécageux. C’est là en effet que se cache une plante pas très commune.
Prudence.! Le sol est fangeux, les bottes sont donc indispensables pour s’en approcher !

Plante non ramifiée.
De longues feuilles étroites, opposées et sessiles.
Des grappes de fleurs jaunes formant des boules à mi-hauteur de la tige.
Dans un milieu humide…

Thyrsiflore. C’est un terme botanique qui désigne une inflorescence composée de grappes de cymes. Nous y reviendrons plus tard.

Description de l’espèce
Aspect général

La tige est dressée et non ramifiée. Sa hauteur varie entre 30 et 80.cm.
Les feuilles
Elles sont lancéolées, opposées, sessiles, très longues et étroites.
Leur taille augmente du bas de la tige vers le haut.
Précisons tout cela avec quelques chiffres. Les feuilles supérieures sont indéniablement longues et étroites. Leur longueur peut osciller entre 5 et 16.cm, pour une largeur variant de 0,5 à 6.cm. Soit un rapport L/l généralement compris entre 4 et 15.
Elles sont sessiles ou subsessiles.: elles ne possèdent pas de pétiole, ou bien celui-ci est minuscule (moins de 2.mm). Si vous regardez de près, vous verrez que la base du limbe englobe environ la moitié de la tige (point a sur la photo suivante). Les feuilles sont dites légèrement embrassantes.
Le bord du limbe est entier et faiblement recourbé vers le bas. La nervure centrale saille sur le dos de la feuille, ce qui se traduit par un creux bien visible sur la face supérieure (point b).
On remarque aussi que chaque paire de feuilles opposées est disposée perpendiculairement aux paires situées au-dessus et au-dessous d’elle. Les feuilles sont décussées.

La face supérieure des feuilles placées en haut de la tige est glabre, mais la face inférieure est en revanche couverte irrégulièrement de poils, de même que le haut de la tige.
Certains guides indiquent que les feuilles sont densément ponctuées de glandes noires.1.
Selon d’autres sources, les feuilles supérieures sont tachées de rouge.2.
Les individus que nous avons observés semblaient cependant ne pas présenter cette caractéristique.
Agrandissons la photo pour en être sûr.
Des taches brunâtres apparaissent alors, certes très peu marquées. Nous en avons entouré quelques-unes par des cercles blancs.
Ces taches deviennent plus visibles en augmentant le contraste et en réduisant la saturation.
Nuançons donc ce qu’on lit fréquemment.:
les feuilles peuvent être couvertes de taches rougeâtres, brunâtres ou noires, mais elles sont parfois tellement pâles qu’elles en deviennent quasi invisibles.
Comparez avec une feuille (face inférieure) d’une autre Lysimaque, la Lysimaque ponctuée (Lysimachia punctata).:

Des parfums émanant de glandes situées sur les feuilles peuvent parfois contribuer à attirer des pollinisateurs. Dans la plupart des cas cependant, ces derniers répondent plutôt à des signaux provenant des fleurs.
Les substances volatiles libérées par les tissus végétatifs servent principalement à dissuader les herbivores potentiels grâce à leur toxicité, ou bien à appeler les prédateurs des phytophages lorsque ceux-ci endommagent les tissus.
Dans le cas des Lysimaques examinées dans ce billet, nous pouvons conjecturer que les glandes, presque indétectables, étaient quasi inactives.
Les fleurs
Les fleurs jaunes sont réunies en petites grappes globuleuses ou ovoïdes, denses et longuement pédonculées, disposées de manière opposée à l’aisselle des feuilles, à mi-hauteur de la tige environ. Les étamines dépassent nettement la corolle.

Ayant un diamètre de 5 à 6.mm, les fleurs sont petites, contrairement aux feuilles. Chacune possède de cinq à sept pétales effilés, presque linéaires.
Le nombre d’étamines (les organes mâles) varie entre cinq et sept, comme celui des pétales. La photo suivante nous présente une fleur disposant de six pétales, mais seulement de cinq étamines.
Passons maintenant au calice. La fourchette ne change pas.: il est constitué lui aussi par cinq, six ou sept sépales vert pâle.

De même que la tige, le pédoncule (tigette soutenant l’inflorescence) et le pédicelle (tigette portant une fleur) sont poilus, de manière parsemée.
L’énigme de la Lysimaque thyrsiflore
Revenons-en, si vous le voulez bien, aux points rouges (ou bruns, ou noirs) que nous avons évoqués à propos des feuilles. Sur la photo suivante, nous voyons assez clairement que.:
le sommet de l’ovaire est garni de glandes rouges (1), les sépales sont parsemés de taches d’une teinte semblable (2), et la pointe des pétales arbore généralement une zone de la même couleur (3).
Les taches rouges placées à la pointe des pétales sont moins apparentes.


Sources :
1.: Jean Leurquin.; Etude des plantes aquatiques de Belgique et des régions limitrophes.; p..120.; 2006.↑
2.: Lysimachia thyrsiflora L..; Info Flora.; page consultée le 28 août 2022.↑