Nous avions consacré le dernier billet à une plante basse, qui n’attire pas l’attention, bien qu’elle soit relativement commune.: la moscatelline (Adoxa moschatellina). Nous vous présentons cette fois une espèce, petite également, qui est quant à elle presque invisible dans la sombritude du sous-bois. Elle est en outre rare, et même très rare en Belgique. Pleins feux sur …
Prologue



La découverte
Nous reviendrons sur sa rareté plus loin. Commençons par sa quasi-invisibilité.

Nous avons visité l’endroit à trois reprises.
La première fois, nous savions grâce aux indications et à la photo fournies par Anabelle que la plante était petite et difficile à repérer dans la sombreur du sous-bois. Nous sillonnâmes donc le site avec précaution, marchant lentement et à petits pas. Nous ne l’avons pas trouvée.
En guise d’exutoire, nous explorâmes alors les alentours, qui heureusement sont très riches du point de vue botanique. Ensuite, mais sans beaucoup d’espoir, nous effectuâmes un dernier passage en fin d’après-midi.

Là, presque par miracle, l’un d’entre nous aperçut de petites «.herbes.» qui ressemblaient à la photo prise par Anabelle. Dans une obscure pénombre, deux plants poussaient côte à côte.
Une observation attentive nous permit de donner un nom à ces «.herbes.». C’étaient des.:
(suspense insoutenable)
Alalocipp meryshictip.

Nous nous empressâmes bien sûr de prendre les coordonnées GPS du lieu.

La liaison avec le satellite devait cependant être bien mauvaise, car la deuxième sortie se déroula presque exactement comme la première. Impossible de remettre l’œil sur ces plantes.!
Après une petite balade pour nous aérer, nous revînmes sur les lieux, et découvrîmes finalement quatre individus qui se détachaient vaguement sur des portions de sol nu, non recouvert de feuilles mortes ou de lierre rampant.
Devenus plus futés, nous ne nous contentâmes plus des coordonnées GPS, mais ajoutâmes aussi des repères au terrain, des branches tombées dont l’agencement nous permit, lors de notre troisième visite, de retrouver assez rapidement nos ….Ah, mais Anabelle a remis les lettres dans le bon ordre. Voyons voir.

En effet, il s’agit de l’Épipactis à petites feuilles, Epipactis microphylla.

Félicitations.! Nous avons peu de lauréats ou lauréates cette fois-ci, mais la devinette était vraiment difficile. Cela sera corroboré par la description de cette plante.
Aspect général
Lors de l’une de nos visites sur le site, nous avons rencontré un couple de botanistes qui pensaient avoir trouvé Epipactis microphylla. Pleins d’espoir, ils nous montrèrent les photos qu’ils venaient de prendre. Nous avons dû les décevoir, ils avaient en réalité vu de jeunes plants d’Epipactis helleborine.

Vous pouvez d’abord vous remettre en tête l’aspect de l’Épipactis helléborine en relisant notre article intitulé L’Orchidée la plus commune et l’Orchidée la plus rare de Belgique….côte à côte.
De prime abord, l’Épipactis à feuilles étroites ressemble à un Épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine) qui aurait rétréci et viré au vert glauque, serait devenu poilu et dont les feuilles seraient courtes et fines.
La plante est grêle et petite, haute de 15 à.55.cm selon le Guide des Orchidées de Delforge. Les individus que nous avons croisés ne dépassaient cependant pas 30.cm.1.
Une plante très poilue
Toute la plante est couverte d’une pilosité grise qui masque en partie la couleur verdâtre de la tige.

Parmi les Epipactis de nos régions, E..microphylla est indubitablement le plus poilu, en compagnie de l’Épipactis pourpre noirâtre (E..atrorubens).

En incrustation, détail de la tige poilue.
Comparons avec l’Épipactis le plus courant, l’Épipactis à larges feuilles (E. helleborine). Chez ce dernier, la plus grande partie de la tige est glabre, comme le montre la photo suivante.
Nuançons toutefois cette dernière affirmation.: de petits poils mous tapissent la tige à la hauteur de l’inflorescence.
De petites feuilles
Les feuilles sont courtes (de 2.5 à 5.cm de long) et étroites (de 0.5 à 2.5.cm de large).
Elles sont normalement plus courtes que leur entre-nœud correspondant.
Attention cependant.: les feuilles les plus basses sont plus larges. On pourrait donc les confondre avec celles d’un jeune Epipactis helleborine. Les nervures sont toutefois nettement moins marquées, comme on peut le voir en rapprochant les deux photos suivantes.
L’inflorescence
Dans le genre Epipactis, la floraison d’E. microphylla est l’une des plus précoces, puisqu’elle peut déjà débuter en mai.; elle se termine au plus tard en juillet. Chez E. helleborine par contre, l’anthèse survient généralement en juillet et en août.
Parmi les plants de microphylla que nous avons observés, le plus fourni exhibait sept fleurs (Delforge indique que le nombre peut varier de 4 à.30).
Comme le reste de la plante, le pédicelle et l’ovaire sont très pubescents.
Les trois sépales (s sur la photo ci-après) et les deux pétales latéraux (p) sont verdâtres et teintés de violet ou de pourpre.
Le troisième pétale (qui est appelé labelle chez les Orchidées) est plus court (L) que les deux pétales latéraux.
Le labelle des Épipactis est divisé en deux parties.: l’épichile, à l’extérieur, et l’hypochile, à l’intérieur. Chez Epipactis microphylla, l’épichile revêt une forme triangulaire.; son bord (é) est ondulé et crénelé. Sa base est munie de deux bourrelets verruqueux, chiffonnés (bo), qui sont séparés et prolongés au centre par une lame (la).
Distribution
Dans le monde
L’Épipactis à petites feuilles possède une large aire de répartition couvrant l’Europe continentale et l’Asie de l’Ouest, allant de l’Espagne à la Mer Caspienne. On le trouve également dans les îles Baléares (Majorque et Minorque) ainsi qu’en Corse, en Sardaigne, en Sicile et en Crète.
En 2020, deux stations ont été découvertes en Algérie, sur le versant nord du mont de Babor, dans le nord-est du pays.2.
Mais au sein de cette aire assez vaste, Epipactis microphylla est très localisé et souvent rare là où il est présent. Ses populations sont en diminution.4.
L’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) le range dans les espèces quasi menacées (NT pour near threatened), ce qui signifie qu’il est proche du seuil des plantes en danger, et que des mesures de protection spécifiques devraient donc être prises.
Sa raréfaction serait notamment due selon l’UICN au déboisement et la gestion inappropriée des forêts.
En Belgique
En Belgique, cette espèce était présente dans les années.1980 dans cinq lieux différents, tous situés au sud de la Meuse.; elle semblait alors en expansion.3. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui, puisqu’elle ne subsiste qu’à un seul endroit. Nous avons compté cinq individus en juin 2023.
Cela procure probablement à Épipactis microphylla le titre peu enviable d’Orchidée la plus rare de Belgique.
Un autre candidat, l’Épipactis à fleurs pendantes (Epipactis phyllanthes) occupe, selon les dernières observations, deux ou trois stations contigües au sud-est de Bruxelles, avec une population estimée à 25.plants au moins.
En France
La situation paraît un peu moins alarmante en France. Pour l’ensemble du territoire, Epipactis microphylla est placé dans la catégorie LC (least concern), c’est-à-dire que son risque de disparition est estimé faible.5.
On le trouve surtout sur le pourtour méditerranéen. Il est quasiment absent de la façade atlantique.
Écologie
L’Épipactis à petites feuilles affectionne les endroits ombragés, bois ou lisières, sur des substrats calcaires et des sols nus.
Il pousse principalement dans les bois de feuillus, hêtraies ou chênaies.



Elle est une grande spécialiste des mousses. Son premier livre, Gathering Moss, leur était d’ailleurs consacré. Robin est amérindienne, de la nation des Potawatomi. Son deuxième ouvrage, Braiding Sweetgrass (traduit en français sous le nom de Tresser les herbes sacrées), est devenu surprenamment un best-seller grâce au bouche à oreille. L’auteure explique dans la préface que la tresse évoquée dans le titre est tissée à partir de trois fils.: les traditions indigènes, les connaissances scientifiques et l’expérience d’une chercheuse qui tente de les assembler.

In some Native languages the term for plants translates to “those who take care of us.” Through natural selection the cattails developed sophisticated adaptations that increase their survival in the marsh. The people were attentive students and borrowed solutions from the plants, which increased their likelihood of survival. The plants adapt, the people adopt.
Kimmerer, Robin Wall.;
Braiding Sweetgrass: Indigenous Wisdom, Scientific Knowledge and the Teachings of Plants (p..229).;
Penguin Books Ltd..; 2020
Sources :
1 : Delforge, Pierre.; Orchidées de France, de Suisse et du Benelux.; p..40.; Delachaux et Niestlé.; 3e.édition ; 2021.↑
2 : Bougaham, Rebbas & Vela.; Découverte d’Epipactis microphylla (Orchidaceae) au Djebel Babor
(nord-est de l’Algérie), orchidée nouvelle pour l’Afrique du Nord.; Flora Mediterranea.; Novembre 2020.; n°.30.; pp..261-271.↑
3 : Epipactis microphylla (Ehrh.) Swartz.; Plantes protégées et menacées de Wallonie.; Observatoire de la biodiversité en Wallonie.; page consultée le 5.décembre.2023.↑
4 : Tiny-Leafed Epipactis.; IUCN Red List of Threatened Species.; IUCN.; page consultée le 9.décembre.2023.↑
5 : Épipactis à petites feuilles.– Statut.; INPN.; page consultée le 9.décembre.2023.↑















Merci pour cet article, un pur bonheur!
J’aimeJ’aime
Bonjour et meilleurs voeux à vous ! Avec une emphase particulière sur le « bonne santé » à l’égard d’Anémone.
Nous (moi et quelques autres lectrices enthousiastes dans mon entourage) avons été ravies de vous voir revenir sur ce site. Et merci pour cet article qui attire notre attention sur cet épipactis bien plus discret que ses cousins. Vivement la suite !
J’aimeJ’aime
Merci pour cet article même si j’ai bien l’impression que je ne croiserai pas d’Epipactis microphylla en Sarthe normalement.
Merci pour ce travail!
Isabelle
J’aimeJ’aime