Dans son billet précédent, la Gazette s’était penchée sur la Cymbalaire des murs. Eh bien, une autre plante alpiniste accompagne parfois la Cymbalaire : il s’agit de la Corydale jaune (Pseudofumaria lutea).
Habitat
Elle est originaire des Alpes, et a été introduite chez nous comme plante ornementale, à cause de ses fleurs originales.
Elle s’est échappée des jardins avec la complicité des fourmis. En effet, les graines de la Corydale produisent des excroissances charnues, appelées élaïosomes, qui sont riches en lipides et en protéines. Ces élaïosomes attirent les fourmis, qui vont alors transporter et disséminer les graines. Ce type de dispersion des graines est appelé myrmécochorie (du grec myrmex, fourmi et kore, dispersion) (1)
Grâce à cela, la Corydale a désormais colonisé les vieux murs et les trottoirs des villes, qui lui rappellent sans doute son milieu d’origine.
(1) : Wikipédia, Élaïosome, juillet 2014
Description
La fleur est aisément reconnaissable : un long tube jaune vif, de 15 à 22 mm de long, qui se termine par 2 lèvres.
Ces 2 lèvres sont constituées par le pétale supérieur et l’inférieur.
Entre ces 2 lèvres, on remarque 2 autres pétales plus étroits, à la fois latéraux et intérieurs, ailés à leur sommet.
Lorsqu’on le regarde d’en haut, on voit que le pétale supérieur présente une bosse sur son sommet (photo ci-contre).
Un autre trait marquant de la fleur est son éperon court et recourbé, qui prolonge en fait le pétale supérieur (voir photo ci-dessous).
Cet éperon est à l’origine du nom français de la plante : corydale vient en effet du bas latin corydallus, qui signifie « alouette huppée », car l’éperon ressemble à l’ongle du pouce de cet oiseau (2).
D’autres sources mentionnent plutôt la ressemblance de la fleur avec la tête de l’oiseau (3), mais cette explication semble moins probable.
(2) : CNRTL, Corydale, 2012
(3) : Wisconsin Horticulture, Yellow corydalis, Mai 2010
Les feuilles sont composées de plusieurs folioles, qui sont elles-mêmes divisées en plusieurs segments appelés foliolules.
Les feuilles peuvent être bipennatiséquées, voir même tripennatiséquées.
Pas de panique, voici les sous-titres!
On dit qu’une feuille est pennatiséquée lorsque ses folioles sont dissociées jusqu’à leur base. Elle est bipennatiséquée lorsque ses folioles sont elles-mêmes pennatiséquées (segmentées en petites folioles ou foliolules bien distinctes). Elle est donc doublement pennatiséquée. C’est le cas illustré par la photo ci-dessous.
Si les foliolules sont à leur tour pennatiséquées, on parlera d’une feuille tripennatiséquée. Sur la photo ci-dessus, les segments de la foliolule bordée de jaune n’atteignent pas la base, mais dépassent toutefois la moitié de la largeur : la foliolule n’est pas pennatiséquée, mais seulement pennatipartite.
Simple n’est-il pas?
Classification
Angiospermes > Dicotylédones > Papavéracées > Pseudofumaria
Les Papavéracées, c’est la famille des pavots et des coquelicots.
Les feuilles des membres de cette famille sont souvent très découpées, et les fleurs possèdent 4 pétales, deux traits que nous avons retrouvés chez la Corydale jaune, dont le nom scientifique est Pseudofumaria lutea.
Lutea veut dire jaune en latin, et le nom du genre, Pseudofumaria, signifie « fausses fumeterres », car les fleurs de Pseudofumaria lutea ressemblent en effet beaucoup à celles des Fumeterres, qui sont des cousines appartenant à la même famille mais au genre Fumaria. Les fleurs des Fumeterres sont cependant nettement plus petites (de 5 à 13 mm de long).
Dans les Papavéracées se trouve également le genre Corydalis, auquel appartenait autrefois la Corydale jaune (de là vient son nom français), avant qu’elle ne soit transférée dans le genre Pseudofumaria.
La représentante des Corydalis qui est la plus commune chez nous est la Corydale à bulbe plein (Corydalis solida). Ses fleurs sont roses ou violacées et également pourvues d’un long éperon (voir photo ci-dessous).
Toxicité et vertus médicinales
La Corydale jaune était autrefois utilisée comme vermifuge (4).
Mais c’est une plante toxique contenant des alcaloïdes dans ses racines, engendrant des troubles nerveux.
Sa présence dans une prairie peut être dangereuse pour les chevaux, car son ingestion provoque des gingivites, des coliques voire même la mort (5).
Son bulbe est toutefois utilisé en médecine pour lutter contre la tension artérielle ainsi que la maladie de Parkinson (6).