Si vous avez un vieux mur dans votre quartier, et s’il est exposé au soleil, il est fort possible que vous puissiez y voir actuellement de petites fleurs violet pâle. Ce sont les fleurs de la Cymbalaire, une championne de l’escalade!
Habitat
La Cymbalaire est lithophyte : originaire du bassin méditerranéen, elle poussait à l’origine sur les rochers et les falaises.
(En grec ancien, lithos voulait dire « pierre » et futon « plante »).
Introduite à partir du 15è siècle dans une bonne partie de l’Europe comme plante ornementale et médicinale, elle a dès lors trouvé dans les vieux murs à ciment calcaire un bon substitut à son milieu d’origine. La moindre fissure peut lui suffire pour démarrer, du moins si celle-ci est au soleil ou à la rigueur dans une mi-ombre.
Il n’est donc pas étonnant que son nom scientifique soit Cymbalaria muralis. Ni que l’un de ses surnoms soit la « Ruine-de-Rome« , parce qu’elle tapissait les ruines de la Rome antique.
Mais bien qu’elle nous vienne du Sud, c’est une espèce vivace et rustique : elle supporte des températures jusqu’à -15°, et s’est par conséquent bien adaptée à notre climat.
Description
Elle n’est vraiment pas difficile à reconnaître, même pour un botaniste débutant.
Les fleurs sont légèrement violacées, et présentent en leur centre une gorge blanche striée de jaune.
La corolle comprend 4 pétales soudés à la base et qui se répartissent ainsi :
– un pétale supérieur, dressé et divisé en deux lobes; il forme une sorte de casque ou de lèvre supérieure;
– trois pétales inférieurs, qui forment la lèvre inférieure.
Entre les deux lèvres se trouve la gorge renflée et striée de 2 traits jaunes. Attention cependant : comme beaucoup de plantes, la Cymbalaire est variable et il n’est pas rare de rencontrer des fleurs sans ces taches jaunes (voir photo ci-dessous).
Une étude récente menée en France par Tela Botanica a montré que les fleurs des cymbalaires des villes étaient plus petites que celles des villages.
L’hypothèse la plus probable est que cette taille réduite soit liée à un plus petit nombre d’insectes pollinisateurs dans le centre des villes. Dans ce cas, la production de grands pétales servant à attirer ces insectes deviendrait trop coûteuse pour la plante. Elle choisirait plutôt la fécondation par le vent ou l’autofécondation.
Source : Tela Botanica, Opération Cymbalaire, Novembre 2014
Les feuilles sont cordiformes avec 5 à 7 lobes. Les nervures sont disposées en éventail. Le bord des feuilles est la plupart du temps souligné de pourpre, ce qui est une autre caractéristique permettant d’identifier facilement la Cymbalaire en-dehors de la période de floraison.
C’est la forme des feuilles qui est à l’origine du nom français : cymbalaire dérive en effet du latin cymba, barque ou nacelle.
Classification
Angiospermes > Dicotylédones > Plantaginacées > Cymbalaria
Les fleurs des Plantaginacées ont 4 pétales soudés à leur base en un tube court.
Ce sont les Plantains (genre Plantago) qui ont donné leur nom à cette famille.
Dans cette famille, nous trouvons également la Linaire commune (Linaria vulgaris), dont les fleurs ressemblent un peu à celles de la Cymbalaire. La Cymbalaire s’appelait d’ailleurs Linaria cymbalaria autrefois.
Les Véroniques sont désormais incluses dans les Plantaginacées (selon la dernière classification phylogénétique APG III).
Vertus médicinales
Les Plantains (le genre type des Plantaginacées) sont riches en mucilages, en tanin, et en vitamine C.
C’est également le cas de notre Cymbalaire.
Ses feuilles furent autrefois consommées cuites ou crues dans une salade pour lutter contre le scorbut (une carence grave en vitamine C). C’est sans doute l’une des raisons qui expliquent son introduction dans pratiquement toute l’Europe.
En usage externe, on peut les appliquer directement sur une blessure, car elles sont cicatrisantes et hémostatiques, permettant d’arrêter un saignement léger.
La Cymbalaire fut également utilisée pour soigner la gale, une grave affection cutanée très contagieuse, provoquée par un parasite.
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