Une étude vient peut-être de trouver le support de la mémoire chez les plantes.
Les scientifiques ont admis depuis quelques années que les plantes avaient de la mémoire. Elles sont capables de mémoriser les conditions de leur environnement, comme la température par exemple, sur des périodes assez longues.
C’est ce qui se passe lors du phénomène de vernalisation : beaucoup de végétaux des régions tempérées ont besoin de plusieurs semaines de températures froides afin de pouvoir sortir de la phase de repos et d’entrer dans la phase active de reproduction (la floraison). La durée et le niveau de température requis sont propres à chaque espèce.
Mais les plantes ne possèdent pas de neurones : quel est donc le support qui leur permet de stocker des informations comme la durée d’une période froide?
Une étude vient d’être réalisée par l’équipe de Susan Lindquist du Whitehead Institute for Biomedical Research à Cambridge. Les résultats ont été publiés dans la revue PNAS, et ont fait l’objet d’un article d’Olivier Hertel dans la revue Sciences & Avenir du 28/4/2016.
Selon cette étude, des protéines appelées prions pourraient jouer un rôle central dans la mémorisation des variations de l’environnement chez les végétaux.
Les protéines sont des macromolécules souvent composées de plusieurs unités; chacune des ces unités étant faite d’une ou de plusieurs chaînes d’acides aminés qui se replient dans l’espace pour former des structures assez complexes.

Représentation tridimensionnelle d’une protéine (ici une molécule d’hémoglobine) – Source : https://commons.wikimedia.org
Les protéines assurent plusieurs fonctions au sein de la cellule vivante : notamment dans la régulation de l’expression des gènes, ainsi que comme catalyseurs (les enzymes).
Selon l’étude mentionnée ci-dessus, un type de protéines, les prions, qui sont notamment impliquées dans la maladie de Creutzfeldt Jakob, pourrait chez les plantes remplir la fonction de support de la mémoire. Les prions sont de bons candidats car ils ont la faculté de changer à la fois de forme et de fonction. Lors d’une exposition au froid par exemple, un prion pourrait se configurer d’une nouvelle façon, et adopter alors une nouvelle fonction qui influencerait par la suite la floraison.
Les chercheurs ont identifié dans le genre Arabidopsis 500 protéines qui pourraient se comporter comme des prions. L’une d’entre elles au moins est impliquée dans le processus de floraison.
Pour en savoir plus, lisez l’article d’Olivier Hertel.
Arabidopsis est un genre de la famille des Brassicacées (la famille des choux et des moutardes). Ce sont de petites plantes ressemblant à des cardamines.
L’espèce Arabidopsis thaliana, l’arabette de Thalius ou arabette des dames, qui se rencontre assez fréquemment dans nos régions, est depuis la fin des années 90 la plante cobaye utilisée lors des recherches en biologie végétale.
Son génome est relativement petit et fut le premier génome de plante à être totalement séquencé en 2000.
En outre, son cycle de vie est très rapide : six semaines de graines à graines, ce qui facilite les études sur les mutations génétiques.
Source : Wikipedia, Arabidopsis thaliana, janvier 2016