Lorsqu’une espèce de plante disparaît, cette disparition peut entraîner l’extinction de plusieurs espèces animales, surtout des insectes. Les plantes, en revanche, seront moins sensibles à la perte de leurs partenaires animaux, selon une étude menée par une équipe internationale.
Selon le botaniste et biologiste français Francis Hallé, les plantes pourraient survivre sans les animaux, mais l’inverse n’est pas possible.
Dans son livre « Eloge de la plante« , Francis Hallé posait la question suivante : qui, de l’animal ou de la plante, a le plus besoin de l’autre 1?
Il proposait, en employant une baguette magique, de supprimer tous les animaux d’une forêt et de conserver seulement les plantes, les champignons et les bactéries. Que se passerait-il?
En fait, pas grand chose selon lui. Certaines espèces de plantes finiraient peut-être par disparaître, celles qui sont particulièrement dépendantes des animaux (des insectes) pour leur sexualité.
Mais la plupart s’en sortiraient sans doute plutôt bien, soit en recourant à la pollinisation par le vent, ou encore à la multiplication végétative, asexuée, soit grâce à leur grande variabilité génétique qui, combinée à leur grande longévité, leur permettrait de surmonter cette nouvelle difficulté en s’adaptant assez rapidement.
Mais que se passerait-il si on supprimait toutes les plantes d’une forêt en ne conservant que les animaux? Dans ce cas, sans aucun doute, tous les animaux (y compris l’homme) disparaîtraient rapidement : les herbivores, puis les carnivores et les charognards, puisque tous tirent leur subsistance directement ou indirectement des plantes.
Une étude internationale menée par le Senckenberg Research Institute de Francfort semble corroborer la réflexion de Francis Hallé 2.
Les chercheurs ont modélisé l’évolution probable de plus de 700 espèces de plantes et animaux européens par suite du réchauffement climatique attendu. Leurs simulations montrent que la disparition d’une seule espèce végétale pourrait entraîner un effet domino : la perte de plusieurs espèces animales, principalement des insectes qui ne se nourrissent que d’un nombre limité d’espèces végétales.
En revanche, cette étude montre que la disparition d’une ou de quelques espèces animales n’aurait que peu de répercussions sur les plantes.
Selon les résultats de cette enquête, les plus menacés sont les animaux spécialisés, ceux qui n’interagissent qu’avec un nombre restreint de plantes. Il s’agit essentiellement d’insectes : beaucoup d’espèces d’insectes ne consomment en effet qu’un nombre limité d’espèces végétales appartenant toutes à la même famille; ce sont des phytophages spécialistes.
Certains, les monophages, s’alimentent même aux dépens d’une seule espèce de plante.
C’est le cas notamment de la Bruche du pois (Bruchus pisorum, voir photo ci-dessus) qui ne se reproduit que sur les gousses de pois tandis que ses larves ne se développent que dans les graines de cette Fabacée 3.
En revanche, cette étude montre que la disparition d’une ou de quelques espèces animales n’aurait que peu de répercussions sur les plantes. La plupart des plantes qui dépendent des insectes pour leur reproduction sont en effet pollinisées par beaucoup d’espèces différentes.
Une exception bien connue est constituée par la famille des Orchidacées : beaucoup d’orchidées dépendent en effet d’insectes pollinisateurs spécifiques. Par exemple, chaque espèce du genre Ophrys n’attire qu’une seule espèce d’insecte.
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Sources :
1 : Francis Hallé; Eloge de la plante; Editions du Seuil; 1999
2 : Senckenberg Research Institute and Natural History Museum; Domino effect: The loss of plant species triggers the extinction of animals; ScienceDaily;4 Janvier 2017
3 : Jacques Huignard; Les plantes et les insectes : une lutte permanente – 1 : Les défenses des plantes; Insectes, n° 168, 2013