Dans le billet précédent, nous vous avions parlé de la Herniaire hirsute. Nous allons aujourd’hui clore le sujet en évoquant entre autres ses usages médicaux, anciens et actuels.
Et nous terminerons par une petite devinette.
Nous commencerons par un mot d’excuse à propos de la longue attente qui a préludé à la publication de ce nouvel article. Nous ne sommes pas demeurés totalement inactifs durant ces dernières semaines. Nous avons d’abord remis un peu d’ordre dans la documentation de la Gazette. Nous avons également renouvelé notre équipement photographique. Il a fallu tester de manière intensive le nouveau matériel de manière à pouvoir dans le futur illustrer les articles avec un visuel soigné.

Place maintenant à la Herniaire hirsute !


Un peu d’étymologie

Herniaire vient bien sûr de hernie. En effet, ces espèces sont censées avoir autrefois été utilisées pour soigner les hernies. D’une manière similaire, les anglophones les appellent rupturewort, wort désignant une plante (surtout médicinale) et rupture, une hernie.
Il semble cependant que cet usage supposé soit improbable 2. Les hernies que l’on traitait ainsi étaient vraisemblablement des coupures de la peau, et non ce que nous associons aujourd’hui à ce mot, c’est-à-dire des sorties d’organes de leur cavité naturelle 3.
Usages thérapeutiques

La première mention d’un emploi thérapeutique remonte au début des années 1500. Les Herniaires (essentiellement Herniara glabra) étaient alors utilisées comme un diurétique naturel pour traiter les infections des voies urinaires et les cystites 4.
Les Herniaires sont toujours employées en phytothérapie. Leurs propriétés médicinales découlent probablement de la présence de flavonoïdes et de saponines.
Outre leurs facultés diurétiques, elles présentent également des vertus astringentes. Elles sont appliquées localement sous forme de cataplasme pour accélérer la guérison des blessures et cet emploi serait donc à l’origine des noms scientifique et vernaculaire.
Son habitat de substitution
Nous avons vu ( cf. Des pelouses arides aux pavés) que la Herniaire hirsute a trouvé un habitat de substitution. Si les pelouses arides d’Europe méridionale et d’Asie occidentale constituent vraisemblablement son habitat d’origine, elle fréquente désormais les interstices entre les pavés ou les dalles des milieux anthropisés.
Elle trouve ces milieux de substitution sur les trottoirs, les aires de stationnement, les esplanades, les cours intérieures, etc. Ces endroits sont soumis à un piétinement intensif. Les sols sont superficiels et compactés, pauvres en nutriments et assez secs. Des sites inhospitaliers par conséquent, possédant a priori une valeur biologique limitée. La flore est dominée par des espèces annuelles et communes, mais on y croise parfois des plantes plus rares, comme notre Herniaire hirsute.

abritant une importante colonie de Herniaria hirsuta
La carte suivante montre les observations de la Herniaire hirsute en région bruxelloise, entre 2010 et 2021. On s’aperçoit qu’elle n’y est plus vraiment exceptionnelle.

L’une de ses stations les plus importantes à Bruxelles se trouve sur l’esplanade du Cinquantenaire, presque au pied des Arcades (photo ci-dessous). Elle fut découverte en septembre 2015 par un botaniste bruxellois, Jean-François Olivier.
Rappelons en passant que ce monument fut érigé, sur l’initiative de Léopold II, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de la Belgique.
Son aspect actuel date de 1905.
Pour la petite histoire, entre le quadrige et l’entablement qui couronne les arcades se trouve un niveau renfermant plusieurs salles voûtées. En 1944, elles servirent de cachette à quelques travailleurs déportés qui n’étaient pas retournés en Allemagne à l’expiration de leur congé 1.
Cet espace fait normalement office de parking, mais le stationnement des voitures y a été interdit en janvier 2020 pour une période de trois ans, en raison de travaux de toiture en cours aux différents musées qui bordent l’esplanade.
Lorsque nous y sommes passés en juin 2021, les Herniaires étaient toujours bien présentes. Les individus étaient dispersés sur une bonne portion de la partie orientale de l’esplanade (photo ci-dessus).
Nous avons identifié, mêlée aux Herniaires, une autre espèce qui colonise également les sols sablonneux compactés.


La réponse très bientôt dans le prochain billet, qui sera consacré à quelques plantes habitant les mêmes milieux anthropisés que la Herniaire hirsute. À bientôt …
Sources :
1 : Archives généalogiques privées ↑
2 : Herniaria ; Plante Méditerranéenne ; page consultée le 20/11/2021 ↑
3 : Uses and benefits of Rupturewort ; Health Benefits Times ; page consultée le 20/11/2021 ↑
4 : Uses and benefits of Rupturewort ; Health Benefits Times ; page consultée le 20/11/2021 ↑
Spergula rubra. Toujours un plaisir de vous lire.
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Spergula rubra
Nous attendons toujours impatiemment vos articles
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Spergularia rubra
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Spergulaire, mon cher Watson ! Mais laquelle ?
Après examen des alibis présentés par la plupart de ces dames, les soupçons se portent sur Spergularia rubra…
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