Entre les pavés…des Caryophyllacées !

Dans le billet précédent nous vous demandions de reconnaître une plante que nous avions photographiée, poussant à côté des Herniaires hirsutes sur l’esplanade du Cinquantenaire à Bruxelles. Voici la réponse.
Avec en prime quelques autres espèces adeptes des surfaces pavées. Acroupissez-vous et sortez votre loupe…


C’était la Spergulaire rouge (Spergula rubra), une plante cousine des Herniaires puisqu’elle appartient à la même famille, les Caryophyllacées.

La Spergulaire rouge entre les pavés du Cinquantenaire.

On la trouve habituellement dans des milieux ouverts sur sol acide tels que les landes ou les chemins forestiers dans des bois sablonneux. Mais, comme c’est une plante basse qui ne supporte pas la concurrence et qui résiste bien au piétinement, les surfaces pavées lui conviennent bien en tant qu’habitat de substitution.

La Gazette des Plantes a consacré un billet entier à cette plante aux jolies fleurs : La Spergulaire rouge.



Puisque nous sommes dans les Caryophyllacées, restons-y ! Cette famille comprend en effet plusieurs espèces qui prospèrent dans les milieux artificiels et compactés. Présentons d’abord une proche parente de la Herniaire hirsute, la Herniaire glabre (Herniaria glabra). Admettons que son nom n’a pas été choisi de manière judicieuse, car, bien que moins velue que la Herniaire hirsute, elle n’est cependant pas glabre : ses feuilles sont souvent bordées de petits cils blancs. Elle est relativement commune.

Herniaire glabre (Herniaria glabra)

La Sagine couchée (Sagina procumbens) est une autre Caryophyllacée typique des fentes entre les pavés ou dans le béton. On la reconnaît à ses fleurs en croix à 4 sépales et 4 pétales, ces derniers étant très petits ou bien absents. Ses feuilles sont étroites et mucronées et sa tige est, comme son nom l’indique, couchée.

Sagine couchée (Sagina procumbens)

L’absence des pétales est un phénomène relativement commun dans la famille des Caryophyllacées.

Pensons par exemple à une autre Sagine, la Sagine apétale (Sagina apetala). Elle ressemble beaucoup à la Sagine couchée, mais sa tige est dressée et elle se rencontre plus rarement.

La Sagine apétale

Commençons par une remarque préliminaire. Certains ouvrages définissent les pétales par leur fonction : attirer les pollinisateurs par des couleurs vives. Mais dans la structure d’une fleur, d’autres organes – bractées, sépales et staminodes (qui sont des étamines stériles et souvent réduites) – peuvent revêtir un aspect « pétaloïde ».
Les spécialistes qui étudient l’évolution des fleurs se basent plutôt sur la position du primordium pour en déduire la nature exacte de l’organe.

Le primordium est le premier stade de l’évolution d’un organe, que ce soit une feuille ou une pièce florale. Il est produit par les cellules indifférenciées du méristème.

C’est sans doute le bon moment de lire ou relire la page que nous avons consacrée à la distinction entre sépales et pétales.

La thèse qui prévalait jusqu’à présent parmi les scientifiques soutient que les ancêtres des Caryophyllacées ne possédaient pas de pétales. Ceux-ci se seraient développés à partir d’étamines modifiées.

Cette proposition a été toutefois invalidée par une recherche récente. Les premières Caryophyllacées étaient probablement pourvues de pétales. L’étude a montré que le primordium donnant naissance aux pétales émerge avant celui des étamines ; il n’y a pas de primordium commun à ces deux organes 1.

La Saponaire officinale est l’une des Caryophyllacées étudiées.
Elle possède des pétales bien développés.

Les chercheurs ont aussi constaté que la formation des pétales des Caryophyllacées subit à un certain moment un ralentissement, tandis que celle des étamines s’accélère. Chez certaines espèces de cette famille, comme le Céraiste aggloméré ci-dessous, les pétales peuvent soit s’épanouir normalement, soit demeurer dans un stade réduit ou disparaître totalement.

Le Céraiste aggloméré (Cerastium glomeratum).



Source :

1 : Lai Wei & Louis Ronse De Craene ; What is the nature of petals in Caryophyllaceae ? Developmental evidence clarifies their evolutionary origin ; Annals of Botany ; volume 124 ; n° 2 ; 24 juillet 2019 ; pp. 281–295

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