Voici enfin la suite du billet précédent.: Que s’est-il passé à Goffontaine.? (Relisez-le si votre mémoire, comme la nôtre, est défaillante.)
En réalité, ceci n’est que le prologue de la suite. Elle était devenue interminable, nous l’avons donc scindée en deux. Et nous scinderons aussi la partie suivante en deux. À La Gazette des Plantes, nous ne sommes pas impitoyables, puisque nous faisons des quartiers.!

Le billet précédent se trouve ici.:
Que s’est-il passé à Goffontaine.?
Nous vous avions parlé de Simon Valentini, un jeune étudiant en biologie. Au début du mois de juillet 2022, alors qu’il longeait la réserve de Goffontaine, il remarqua la présence de plusieurs Daturas officinaux. Intrigué par la vue de cette plante insolite sur le site, il descendit le talus séparant la prairie de la route, et aperçut diverses espèces exotiques.: notamment des Hibiscus et des Abutilons. Ces genres, qui appartiennent à la famille des Malvacées, se rencontrent très rarement en pleine nature.

L’une de ces plantes, se dessinant sur le talus reconstitué, était particulièrement déconcertante. Elle exhibait des fleurs jaune vif tachetées de rouge, et de grandes feuilles orbiculaires (presque circulaires).
Simon encoda ses constatations sur la plateforme Observations.be. Il ne dut pas attendre longtemps avant de recevoir un message de Filip Verloove, co-auteur de la Nouvelle Flore de Belgique, chercheur au Jardin Botanique de Meise et grand spécialiste des espèces exotiques (les alien plants).
Filip lui apprit que la plante jaune était Ibicella lutea, une adventice exceptionnelle. Soupçonnant que cette floraison insolite avait un lien avec l’industrie lainière, il demanda à Simon de surveiller la prairie durant les semaines suivantes.
Ibicella lutea.: une brève description
La taille des feuilles impressionne au premier abord. Elles sont presque circulaires et leur diamètre peut atteindre 25.cm.
Un long pétiole, de 10 à 15.cm, supporte le limbe. Plusieurs nervures principales partent de sa base, qui est cordée (en cœur). Le bord est irrégulièrement denticulé.
L’inflorescence est une grappe comportant 10 à 60.fleurs de couleur jaune, tachetées et veinées de rouge.

en haut.: les boutons
au milieu.: les fleurs ouvertes
en bas.: le début de la fructification
La fleur se termine par cinq lobes.: quatre dorsaux et un ventral, plus grand. Ils sont soudés en un tube.
Regardons maintenant une photo de la fleur vue d’en haut. Le tube de la corolle est enveloppé par cinq sépales libres (s), qui sont eux-mêmes protégés par deux bractéoles (b) ressemblant à s’y méprendre aux sépales. Remarquez que la plante est recouverte de poils glanduleux (flèche blanche).
En examinant attentivement la photo précédente, nous distinguons les deux lobes du stigmate qui dépassent le pétale supérieur.
Cachés à l’intérieur du tube de la corolle, se trouvent les autres éléments des organes reproducteurs. L’organe femelle –.le gynécée ou pistil.– est constitué par deux carpelles soudés en un seul ovaire et un seul style. L’organe mâle –.l’androcée.– comprend quatre étamines fertiles et un staminode, une petite étamine stérile, non représentée dans le schéma suivant.


Laissons le mot de la fin au clavier de Dame Jane Goodall, la célèbre primatologue et anthropologue britannique.

Grand Central Publishing.; 2014
Précisons que la photographie n’a pas été prise à Gombe, qui est un parc national en Tanzanie.
