La plupart des feuilles sont désormais tombées des arbres. C’est l’occasion d’observer de plus près les bourgeons du hêtre, et de parler de son polycyclisme. Contrairement à ce que vous pensez, cela ne signifie pas que le hêtre fait du vélo durant les longs mois d’hiver.
Tout le monde, ou presque, sait reconnaître un hêtre. Majestueux, pouvant dépasser 40 mètres, il a le tronc droit, cylindrique et lisse, d’une teinte gris cendré.
C’est l’arbre colonne par excellence, qui donne aux drèves leur aspect solennel.
En forêt, il n’est pas rare que ses branches les plus basses se trouvent à 20 ou 25 mètres de haut. Pas facile dans ces conditions de pouvoir observer ses bourgeons!
Heureusement il reste au botaniste amateur le loisir d’étudier les jeunes arbres, ou bien de l’examiner quand il est taillé en haie, ce qui est très fréquent.
Ses bourgeons sont caractéristiques : ils sont fusiformes : particulièrement effilés et à pointe acérée.
Ils sont longs de 1,5 à 3 cm, larges de 2 à 3 mm, et les latéraux sont nettement écartés des rameaux.
Ils sont recouverts par des écailles brun clair, nombreuses, coriaces et luisantes. Ces écailles peuvent rester visibles un certain temps avant de finalement tomber (photo ci-dessous).
Cette photo nous permet d’illustrer un phénomène fréquent dans la croissance annuelle du jeune hêtre : le polycyclisme.
Tout au long d’une année, les rameaux vont connaître successivement des phases de croissance et de repos.
Supposons que le bourgeon situé au bout d’un rameau débourre fin avril. Les écailles qui recouvraient le bourgeon s’ouvrent mais resteront sur le rameau assez longtemps. Une première vague de croissance commence et durera en général de 3 à 5 semaines. Elle sera suivie d’une période de repos qui aura plus ou moins la même durée.
Cet arrêt de l’allongement de la tige provoque dans la plupart des cas l’apparition d’un nouveau bourgeon écailleux.
Entre la mi-juin et la mi-juillet débute une deuxième phase de croissance, d’une durée très variable, de même que la longueur de la pousse qui en résulte.
Certains individus pourront encore avoir une troisième phase de croissance après une période de repos très courte, souvent inférieure à 2 semaines. L’allongement qui découle de cette troisième phase est en général plus petit que lors de la phase précédente.
Les conditions qui favorisent le polycyclisme ne sont pas bien connues. On sait par contre que ce phénomène s’estompe avec l’âge.
Le polycyclisme n’est pas propre au hêtre : il a été observé chez de nombreuses espèces ligneuses des climats tempérés : les pins, les chênes, les pommiers, les bouleaux, les saules etc…
Merci Caroline et Stéphane pour votre Gazette des Plantes !
Bonnes fêtes de fin d’année à vous deux et au plaisir de se revoir en 2016
Bisous
Jacques
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