La petite pervenche est une plante rampante qui forme de beaux tapis dans les sous-bois frais. Elle fleurit au printemps (de février à mai), et parfois en automne. Cette semaine, la Gazette des Plantes a pu en observer un exemplaire dans une hêtraie. Floraison tardive ou précoce? En tout cas un signe que le temps est anormalement doux en ce début d’hiver.
Classification
Angiospermes > Dicotylédones Vraies > Apocynacées > Vinca (Pervenches)
La petite pervenche fait partie de la famille des Apocynacées, dont la plupart des espèces poussent dans les régions tropicales.
On connaît chez nous une autre plante de cette famille, le laurier rose, une plante d’ornement dont toutes les parties sont toxiques.
Les apocynacées sont en général des plantes dont il faut se méfier!
Les plantes appartenant à cette famille ont des feuilles simples, et généralement opposées.
Les fleurs sont souvent de grande taille, et possèdent 5 pétales soudés à la base.
Habitat
La petite pervenche est un plante que l’on rencontre fréquemment dans les sous-bois, sous des hêtres ou des chênes par exemple. Elle aime les sols riches en humus sur des terrains basiques, calcaires.
Il n’est donc pas étonnant d’en rencontrer dans le Mollendaalbos, un grand bois situé en Brabant flamand au sud de Louvain, sur les communes de Bierbeek et de Oud-Heverlee, et qui fut jadis la propriété des ducs de Croy et d’Arenberg.
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Le Mollendaalbos est essentiellement constitué de hêtres, de chênes, et de pins sylvestres.
Et c’est précisément dans une hêtraie que nous avons vu un tapis de petites pervenches, dont une en floraison.
C’est une espèce native du sud et du centre de l’Europe, qui aurait été introduite dans nos régions sous le règne de Charlemagne. il y a donc bien longtemps de cela. Elle est mentionnée dans le Capitulaire de Villis. Ecrit vers l’an 800 par un groupe de sages, ce document contient cent vingt recommandations destinées aux gestionnaires des cités de l’empire carolingien, dont trois concernent le jardinage.
Notre pervenche serait donc une archéophyte, c’est-à-dire une plante dont l’introduction est antérieure à l’année 1500.
Comme elles poussent à l’ombre, il y a peu d’insectes qui viennent les visiter et elles ne donnent donc quasiment jamais de fruits viables. Elle se multiplient plutôt par stolons (vincula veut dire lien) comme les fraisiers. Cela explique pourquoi on les trouve souvent dans des zones anciennement habitées par l’homme. Elles sont donc parfois utilisées en archéologie pour repérer d’anciens sites médiévaux.
Sources :
– DUCERF Gérard, L’Encyclopédie des plantes bio-indicatrices, volume 3, Promonature, Briant, 2013
– Archeoforêt, auxiliaires animaux et végétaux, , s.d.
La fleur
La fleur est solitaire au bout du pédicelle , et composée de 5 pétales tronqués au sommet et tordus vers la gauche, formant une roue.
Les pétales sont bleus, mauves ou violets. Leur couleur rappelle celle de l’uniforme des contractuelles parisiennes (d’où le surnom de ces dernières).
En œnologie, une robe pervenche désigne l’aspect des plus grands crus : « c’est le vin couleur de pervenche qui est le meilleur ».
(Source : BERTRAND Bernard, L’herbier oublié, Ed. Plume de Carotte, Toulouse, 2013)
Sur la photo ci-dessous, on remarque que les sépales sont soudés entre eux à la base : on dit que le calice est gamosépale (« gamo » est un préfixe signifiant union).
Les pétales sont également soudés à la base en formant un tube, les lobes étant libres. La corolle est donc gamopétale.
Cela va probablement vous étonner, mais s’il y a une petite pervenche, il existe aussi une grande pervenche (Vinca major)! Comment les distinguer?
Chez la petite pervenche, les sépales sont glabres et n’atteignent pas la moitié du tube de la corolle, contrairement à la grande pervenche.
En outre, les fleurs de la petite pervenche ont un diamètre de 1.5 à 3 cm; celles de la grande pervenche font de 4 à 5 cm.
Les feuilles
Les feuilles ont une couleur vert luisant, environ 2 à 3 cm de longueur et sont de forme ovale.
La nervure centrale est très apparente.
Elles sont glabres, opposées et décussées : chaque paire forme un angle droit avec les paires voisines.
Comme les feuilles restent toujours vertes, même en hiver, la pervenche est devenue le symbole de l’amour durable. En Flandre, on en tapissait jadis le chemin emprunté par les jeunes mariés jusqu’à l’église. Les feuilles séchées de la plante entraient dans la fabrication de philtres d’amour : on les réduisait en poudre et on les mélangeait au morceau de viande que l’on offrait ensuite à l’être convoité!
La petite pervenche était aussi l’emblème de l’éternité : on en jetait des tiges dans le foyer, on prononçait certaines invocations magiques, et les volutes de la fumée faisaient alors apparaître les figures des trépassés.
Cela ne vous étonnera donc pas que cette plante était autrefois surnommée la violette des sorciers, ou encore la violette des morts.
En fait, la petite pervenche était jadis une plante magique bonne à tout faire, comme l’angélique, le souci ou la joubarbe.
Elle pouvait tout aussi bien tarir le lait des nourrices que jeter des sorts. Frite à la poêle, en utilisant les formules adéquates, elle servait également à retrouver des objets volés.
Sources :
– BERTRAND Bernard, L’herbier oublié, Ed. Plume de Carotte, Toulouse, 2013
– L’écotourisme en Gironde, Petite pervenche, s.d.
– Jardins de France, Le jardin de Locmaria à Quimper, avril 2013
Usages thérapeutiques
La Petite pervenche renferme un alcaloïde appelé vincamine, qui est intégré dans de nombreux médicaments utilisés contre les troubles de la circulation sanguine du cerveau et pour favoriser son oxygénation. Elle diminue la pression artérielle et son action favorable a été cliniquement démontrée pour traiter les suites des attaques cérébrales.
On l’emploie également pour lutter contre la sénescence cérébrale chez les personnes âgées, les troubles de la mémoire notamment.
Les feuilles de la petite pervenche sont astringentes. Appliquées en lotion, elles favorisent la cicatrisation et luttent contre les hémorragies.
On emploie également les feuilles séchées en tisane ou en vin. Elles sont toniques, et furent utilisées contre l’anémie par exemple.
La tisane est en plus conseillée comme remède contre l’angine, et cela depuis longtemps. Mme de Sévigné écrivait à sa fille, Mme Grignan, en ces termes: « Enfin, ma bonne , quoi qu’il en soit, consolez-vous et guérissez-vous avec votre bonne pervenche, bien verte et bien amère, mais bien spécifique à vos maux et dont vous avez senti de grands effets: rafraîchissez en cette poitrine enflammée. »
On a fait aussi usage de la tisane pour lutter contre le diabète, dont elle calme la sensation de soif.
Et finalement, la petite pervenche fut recommandée au 19è siècle dans la lutte contre le paludisme.
Attention:
Certaines sources mentionnent qu’en usage interne (tisane par ex.) la petite pervenche pourrait être toxique pour le foie et les reins. Ces sources affirment aussi que cette plante pourrait avoir un effet cancérigène.
Il serait donc plus prudent de ne l’utiliser qu’en usage externe!
Sources :
– Le Petit Larousse des plantes qui guérissent, 2013
– Le Secret des plantes, La petite pervenche ou vinca minor, 9 mars 2006
– Creapharma, Petite pervenche, 12 mai 2015
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