Des scientifiques ont pour la première fois mis en évidence une forme de sommeil chez les arbres. Ce n’est pas vraiment une surprise car on savait déjà que pas mal de plantes herbacées possèdent un cycle jour-nuit.
Souvenez-vous : la Gazette des Plantes vous a récemment parlé de l’Oxalis petite oseille (Oxalis acetosella), dont les feuilles se ferment lorsque l’intensité lumineuse devient trop faible.
Ce phénomène s’appelle la nyctinastie : du grec ancien núx ( » nuit « ) et nastie (chez un végétal, mouvement déclenché par un facteur externe; le mot vient du grec nastos « resserré »).
Rien d’étonnant à cela, puisque le rôle des feuilles est d’utiliser le carbone de l’air et l’énergie provenant du soleil afin de produire les sucres qui permettront au végétal de croître et de se reproduire. En l’absence de lumière, il n’est donc pas utile de gaspiller de l’énergie pour maintenir les feuilles déployées.
Ce phénomène concerne également les fleurs, les précieux et fragiles organes de reproduction. Il est bien visible chez l’anémone des bois (Anemone nemorosa).
Le but est ici de protéger les organes reproducteurs (étamines et pistil) lorsque les insectes pollinisateurs ne sont pas disponibles.
Tous ces mouvements dépendent des variations de la luminosité, mais également des variations de température.
Ces variations sont captées par la plante grâce à des récepteurs, et vont provoquer dans les cellules des feuilles et des fleurs des modifications de la concentration de certains ions, notamment l’ion calcium Ca2+.
Par osmose, l’eau va suivre les ions (l’eau passant toujours du milieu le moins concentré en ions et autres solutés au milieu le plus concentré), et les cellules vont ainsi augmenter ou diminuer de volume : c’est le phénomène de turgescence. Ce sont ces variations de turgescence qui sont à l’origine du repliement ou du déploiement des feuilles et des fleurs.
Ce cycle jour-nuit vient pour la première fois d’être mis en évidence chez des arbres, des bouleaux verruqueux (Betula pendula). Des chercheurs ont étudié les mouvements de deux spécimens, l’un en Autriche et l’autre en Finlande, grâce à des scanners utilisant des rayons laser.
Les résultats montrent que les branches s’affaissent de 5 à 10 cm durant la nuit. Ce mouvement est ici aussi probablement dû à une diminution de la pression de l’eau (turgescence) dans les cellules des feuilles et des branches au coucher du soleil.
Selon les auteurs de l’étude, la prochaine étape est maintenant de déterminer si ces mouvements dépendent de la luminosité ou bien s’ils sont régis par l’horloge circadienne de la plante (son horloge biologique interne).