Champignon parasitant une fleur : un autre exemple !

Un lecteur a réagi à notre article concernant des champignons parasitant des fleurs. Il nous fait part d’un exemple que l’on peut rencontrer dans nos régions. Laissons-le nous parler d’autres champignons du genre Microbotryum et de la maladie qu’ils provoquent, le charbon des anthères.


C’est un aimable message d’Adrien Benoit à la Guillaume :

Bonjour, merci pour vos articles en général et celui-ci en particulier, c’est toujours une sensation agréable que de comprendre de nouvelles choses.
Je me permets une petite incursion pour vous indiquer l’existence des champignons du genre Microbotryum. Très présents en Europe occidentale, ils parasitent des plantes (surtout des Caryophyllacées) et transforment leurs anthères pour diffuser leurs spores violet sombre à la place du pollen par l’intermédiaire des insectes pollinisateurs. Par exemple, une plante très courante comme Saponaria officinalis est régulièrement parasitée par chez moi en Auvergne et c’est loin d’être la seule. La maladie se nomme le charbon des anthères

Adrien a écrit sur Wikipédia un article très intéressant consacré à ce genre de champignons.

Microbotryum violaceum lato sensu (espèce type du genre) sur les anthères de Silene dioica
© janetgraham84new – CC BY 2.0


Nous avons donc ici un exemple supplémentaire d’un champignon détournant les organes sexuels de plantes. Mais, contrairement à Fusarium xyrophilum et aux autres espèces dont nous vous avions parlé dans le billet précédent, il ne fabrique pas de pseudofleurs. Il a trouvé une solution qui paraît plus économe en ressources : il se contente, si l’on peut dire, d’avorter l’ovaire et de remplacer sur les anthères le pollen par ses spores. Celles-ci seront ensuite disséminées par les insectes pollinisateurs.

Le charbon des anthères est fréquent chez les Caryophyllacées, mais des maladies similaires s’attaquent à d’autres familles. Citons notamment le charbon nu de l’avoine, causé par un champignon du genre Ustilago, qui affecte les épis des Poacées.

Les monocotylédones ne sont pas épargnées : le charbon des anthères des Liliacées, dû à des espèces du genre Antherospora, touche entre autres les Ornithogales et les Scilles. Remarquons en passant que ces plantes ne font plus partie des Liliacées, mais bien des Asparagacées !

Antherospora scillae parasitant les anthères de Scilla bifolia
© Philippe Paulen ( Creative Commons Attribution)

En ce début du mois de mars, les Scilles sont justement en pleine floraison. C’est donc le bon moment pour aller au charbon afin de détecter la présence éventuelle d’un champignon.
Observez la couleur des anthères. La photo ci-dessus nous montre que sur un individu attaqué, le pollen a été remplacé par des sores brun foncé (les sores sont les amas de sporanges qui renferment les spores). Sur la photo suivante, la fleur est saine et les anthères arborent une teinte violette ou bleu foncé.

Une fleur de Scille à deux feuilles non attaquée

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Un commentaire pour Champignon parasitant une fleur : un autre exemple !

  1. Benoit à la Guillaume Adrien dit :

    La biologie des charbons et des rouilles est surprenante et passionnante. Ce fut un bel échange! Merci bien.

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