À l’affiche : Les Linaires

On compte environ 150 Linaires dans le monde, une bonne partie d’entre elles vivant dans le bassin méditerranéen. En Belgique, on peut en admirer huit ; la Gazette des Plantes vous propose durant les prochaines semaines d’en examiner certaines à la loupe. 
Première étape : nous commencerons par leurs points communs et leur classification. 


Qu’est-ce qu’une Linaire ?

Du moins superficiellement. Les feuilles des Linaires sont généralement linéaires, tandis que celles du Lin sont plutôt lancéolées.

Feuille de linaire en haut et feuille de lin en bas

Les fleurs des Linaires sont zygomorphes (du grec zugon, « joug » puis par extension
« paire » et morphê, « forme »). Cela signifie qu’elles ne peuvent être divisées en deux parties identiques que par un seul plan.

Fleur de Linaire des champs (Linaria arvensis).
Un seul plan de symétrie permet de la diviser en 2 parties égales.

La corolle est constituée de deux lèvres et la lèvre inférieure présente un renflement à la gorge.

Fleurs de la Linaire commune (Linaria vulgaris) avec le renflement de la lèvre inférieure

Et enfin, dernier trait caractéristique, la corolle est terminée par un éperon.

Fleur de la Linaire pourpre (Linaria purpurea)
terminée par un éperon.

Classification des Linaires

Les analyses phylogénétiques ont réduit la famille des Scrophulariacées comme une peau de chagrin. Dans l’ancienne classification, elle comprenait environ 280 genres et entre 3 000 et 5 000 espèces. Mais plusieurs études ont prouvé qu’elle n’était pas monophylétique.

Beaucoup d’anciennes Scrophulariacées ont par conséquent dû être transférées vers d’autres familles, surtout les Plantaginacées et les Orobanchacées. Les Scrophulariacées ne comprennent plus désormais que 59 genres et plus ou moins 1 830 espèces 1.
Dans nos régions, ses principaux « survivants » sont les Scrofulaires (Scrophularia) et les Bouillons (Verbascum).

La Scrofulaire aquatique (Scrophularia auriculata)

Revenons à nos Linaires. Elles ont été « transplantées » dans la famille des Plantaginacées, tout comme les Véroniques et les Digitales.

Les Plantaginacées font partie du grand ordre des Lamiales, qui comprend plus de 12 % des Dicotylédones vraies. On y trouve également, outre les Plantaginacées, les Scrophulariacées, les Orobanchacées, et bien sûr les Lamiacées.

Les Plantaginacées forment une famille très diversifiée, comprenant des annuelles et des vivaces, des herbes et de petits arbres, des plantes terrestres et aquatiques. La forme de leurs feuilles et de leurs fleurs varie énormément. La monophylie de la famille est cependant soutenue par les recherches récentes.

Elle contient aujourd’hui 99 genres et 1 900 espèces. Le genre le plus important est celui des Véroniques (Veronica), avec environ 420 espèces.

Véronique officinale (Veronica officinalis).
Les Véroniques ont été, comme les Linaires, déplacées des Scrophulariacées vers les Plantaginacées.

Viennent ensuite les 275 espèces de Penstemon, qui sont des plantes d’Amérique du Nord et d’Asie orientale. Puis nous trouvons le genre type, qui a donné son nom à la famille, celui des Plantains (Plantago), dont nous avons déjà parlé dans la Gazette, qui renferme plus ou moins 270 espèces.

Les Linaires au sens strict (Linaria) arrivent en quatrième position, avec 150 espèces environ.

Le Grand plantain (Plantago major)

Les taxonomistes ont réparti la centaine de genres des Plantaginacées en 12 tribus, en se basant sur les analyses moléculaires 2. Les plantes que nous appelons Linaires en français appartiennent à la tribu des Antirrhineae, et se retrouvent dans 3 genres proches : Linaria, Chaenorhinum et Kickxia. L’ensemble de la tribu appartenait auparavant à la famille des Scrophulariacées.

La Cymbalaire des murs, dans le genre Cymbalaria, est parfois aussi appelée Linaire cymbalaire (voir l’article Le soleil de la Méditerranée sur votre mur!).

Le nom de cette tribu provient du genre Antirrhinum, qui est celui des Mufliers. Comme les Linaires, ils possèdent une corolle à deux lèvres et l’inférieure est également pourvue d’un renflement important. Ils n’ont toutefois pas d’éperon.

Variété blanche du Grand muflier (Antirrhinum majus)


Sources :

1 : Christenhusz et al. ; Plants of the World ; Kew Publishing ; 2017 ; p. 555

2 : GRIN ; Family Plantaginaceae Juss., nom. cons. ; United States Department of Agriculture ; page consultée le 22 juin 2021

A propos La gazette des plantes

La gazette des plantes, un blog qui part à la découverte des végétaux qui nous entourent en Belgique
Cet article, publié dans Les plantes à l'affiche, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Un commentaire pour À l’affiche : Les Linaires

  1. Alain Millet dit :

    Quelle clarté! merci professeur Quercus

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.