Les températures s’adoucissent peu à peu; le printemps est de retour. La Gazette vous présente toutefois un dernier billet sur l’aspect végétatif de quelques plantes très communes en forêt. Nous vous les avions précédemment montrées en fleurs, les voici maintenant dans leur parure hivernale.
Nous nous sommes promenés dans la forêt de Soignes, au sud-est de Bruxelles. Nous y avons suivi 2 vallons creusés par des ruisseaux qui contribueront à former un peu plus loin vers l’aval la rivière appelée la Woluwe : il s’agit du Wollenborre et du Vuylbeek.
Wollenborre signifie la « fontaine laiteuse » et le Vuylbeek est le ‘ruisseau sale », bien que ses eaux soient au contraire très propres! Sur leurs rives nous allons bien sûr rencontrer des plantes qui se plaisent dans les milieux humides.
La Dorine à feuilles opposées (Chrysosplenium oppositifolium)
Voici la première espèce, rencontrée au bord du ruisseau. La Dorine à feuilles opposées est une plante rampante, assez commune sur les sols pauvres, acides, très humides et ombragés. Si ces conditions sont réunies, elle peut former des tapis assez étendus.
On peut la confondre avec sa sœur, la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium) qui vit dans les mêmes milieux. Mais celle-ci a évidemment des feuilles disposées de manière
alterne, donc non opposées. En outre, ses feuilles ont des lobes bien incisés (ci-dessous à gauche), tandis que celles de la Dorine à feuilles opposées possèdent des dents à peine esquissées (ci-dessous à droite).
En hiver, une méprise est également possible avec une autre plante rampante aux feuilles crénelées : le Lierre terrestre (Glechoma hederacea). Mais les feuilles de celui-ci sont plus grandes et surtout elles dégagent une odeur agréable quand on les froisse, car leur face inférieure porte des glandes d’huiles essentielles.
En février, la Dorine exhibe déjà ses boutons floraux, déposés au sommet de la tige.
Ils donneront prochainement (en mars) de toutes petites fleurs composées de 8 étamines entourées de 4 tépales verdâtres.
Pour en savoir plus sur la Dorine à feuilles opposées, lisez ou relisez le billet que la Gazette lui avait consacré il y a un an.
Terminons par la classification des Dorines. Elles sont bien évidemment des plantes à fleurs (des angiospermes) et plus précisément des dicotylédones. Elles appartiennent à la famille des Saxifragacées.
En Belgique, nous trouvons comme autres représentants de cette famille les Saxifrages (Saxifraga).
L’un des plus communs est le Saxifrage à trois doigts (Saxifraga tridactylites), qui passe inaperçu la plupart du temps.
Sans doute l’avez-vous déjà piétiné sans vous en rendre compte. Une petite plante souvent rougeâtre et aux fleurs blanches. Elle vit sur les terrains secs et les rochers, mais pousse désormais également sur les trottoirs, les vieux murs ou les surfaces couvertes de graviers comme les parkings.
Saxifrage vient d’ailleurs du latin saxum (rocher) et de frangere ( briser).
Ses feuilles ont le plus souvent trois lobes (parfois cinq), d’où son qualificatif « à trois doigts ».
La Ficaire (Ficaria verna)
Tout le long du ruisseau nous apercevons d’autres tapis composés de feuilles vert brillant, à long pétiole et en forme de cœur, ressemblant un peu à celles du lierre terrestre.
Mais la feuille du Lierre terrestre est bordée de dents arrondies (on dit qu’elle est crénelée) tandis que celle de la Ficaire ondule légèrement (voir photo ci-dessous).
La base de la feuille dessine souvent un triangle aigu, et non deux lobes arrondis comme celle du Lierre terrestre.
Remarquez aussi sur la photo ci-dessous que la partie inférieure du pétiole de la Ficaire est dilatée.
Pour en savoir plus sur la Ficaire, et notamment son mode de vie original et sa reproduction par bulbilles, lisez ou relisez le billet que la Gazette lui avait consacré il y a un an.
Parlons classification : en regardant la photo ci-dessus, vous aurez sans doute pensé que la Ficaire ressemble à une renoncule. Vous ne vous seriez pas trompé. La Ficaire appartient en effet à la famille des Renonculacées. Mais pas au genre Ranunculus (les vraies Renoncules). Deux critères aisés permettent de la distinguer de ses cousines : tout d’abord elle possède un nombre élevé de pétales (de 6 à 12), tandis que les autres espèces de la famille n’en ont bien souvent que 5. De plus les pétales de la Ficaire sont étoilés, étalés et étirés en longueur, contrairement à ceux des Renoncules qui forment souvent une coupelle et sont plus arrondis (voir photo ci-dessous).
Le Lamier jaune (Lamium galeobdolon)
Un peu plus éloignées des berges du ruisseau, sur un terrain en pente légère, quelques feuilles parsèment le tapis de feuilles mortes tombées des grands hêtres. Elles sont disposées de manière opposée, ce qui nous oriente vers les Lamiacées, la famille des menthes (entre autres). Ce sont les feuilles du Lamier jaune.
Les feuilles sont portées par un long pétiole et de forme ovale ou bien lancéolées; elles sont dentées et pourvues de quelques poils épars.
Le Lamier jaune pousse de préférence sur des sols frais, moyennement humides et ombragés. On le rencontrera fréquemment dans les sous-bois de feuillus. Mais il a besoin de lumière pour fleurir. Dans l’ombre dense que projettent les hêtres, il se reproduira plutôt de manière végétative, par ses rhizomes (tiges souterraines).
Pour en savoir plus sur le Lamier jaune, lisez ou relisez le billet que la Gazette lui avait consacré l’année dernière : Le vallon de la Mazerine
Nous l’avons déjà mentionné, le Lamier jaune appartient à la famille des Lamiacées.
Ce sont pour la plupart des plantes herbacées dont la tige est quadrangulaire et les feuilles sont opposées et décussées (chaque paire de feuilles formant un angle droit avec les paires voisines).
Les fleurs ont généralement deux lèvres (observez la fleur du Lamier jaune ci-dessus), entre lesquelles on peut imaginer la présence d’une gorge. En grec ancien, laimos signifiait « gorge », et c’est là l’origine du nom du genre lamier, et par extension celui de la famille.
Attention : ces caractéristiques sont également partagées par les plantes d’une autre famille : les Scrofulariacées.
Beaucoup de Lamiacées sont des plantes aromatiques : citons notamment les menthes, les sauges, les thyms etc…
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